Après avoir davantage rempli les pages de la presse musicale pour ses beefs avec 50 Cent que pour ses 16 bars, The Game est revenu avec ce qu’on lui connait de mieux, un opus 100% hip-hop gangsta.
Même s’il n’est plus chez Aftermath, et qu’il sort The Doctor’s Advocate sur Geffen, les références au label de Dr Dre ne manquent pas. D’abord dans le titre, qui est directement adressé au docteur du rap, puis aux clins d’œil destinés à toute la West Coast.
C’est donc sans Dre mais avec tout ce qui s’en rapproche que Game a sorti son deuxième opus. Au final c’est un album ficelé et rempli de featurings (10 titres sur 16 sont des collaborations) que livre le rappeur de Compton. Usant avec habilité de samples reggae (One Blood de Junior Reid), de classiques hip-hop (Real Muthaphukkin’ G’s d'Eazy-E ou Black Steel in the Hour of Chaos de Public Enemy) et de standards funk à l’image d'Hyperbolicsyllabicsesquedalymistic d’Isaac Hayes, Game balance un flow 100% Compton.
Toujours prêt à revendiquer son quartier, The Game y consacre même un titre, dans lequel il raconte sa vie et son passage de l’état de gangster à celui de star du hip-hop. Compton, est d’ailleurs un titre fait en featuring avec Will. I. Am, également originaire de Los Angeles. Si apriori leur collaboration peut paraître surprenante, elle n’en est pas moins réussie.
Comme pour son précédent album, The Documentary, Game balance une chanson un peu plus dancefloor que les autres. Cette fois, c’est avec Nate Dogg, pour Too Much, produit par Scott Storch. L’équipe qui représente le mieux le hip-hop de la West est réunie pour California Vacation justement, avec Snoop Dogg et Xzibit. Sur une prod de Jonathan "J.R" Rottem, le trio parle de son appartenance jusqu’à la mort, à la West, sans concession. Cette revendication revient une fois de plus sur It’s Okay (One blood), en duo avec le chanteur de reggae Junior Reid. The Game y parle de son détachement dans le business à Aftermath, de son beef avec Fifty (une des rares fois) et montre qu’il peut s’en sortir seul, sans le maitre Dre, "I'm BIG, I'm Cube, I'm Nas, I'm 'Pac" dit-il simplement pour décrire son envie d’arriver et surtout de rester au top.
The Game a même invité Jamie Foxx pour faire un duo soul sur Around The world et Kanye West pour Wouldn’t get far, qui s’inspire largement des productions Motown avec le sample sur le refrain de I’d Find You Anywhere de Creative Source. Cette rencontre du hip-hop intello et du hip-hop gangsta montre bien que toutes les collaborations sont possibles dans ce monde du rap. Pour son titre qui a donné le nom à son album, il a fait appel à Busta Rhymes (qui a rejoint l’écurie Aftermath pour sortir The Big Bang) et à Chauncey Black (également sur le dernier Busta), "Still Aftermath" comme le répète Rhymes.
Pour terminer l’album, The Game a invité Nas sur le titre Why you hate the Game, dans lequel chacun parle de son parcours dans le hip-hop. Entre le King de New-York et le pro-Californien, les points communs se font sentir sur les clashs qu’ils ont eu chacun de leur côté, en rappelant à tous que "Pac regarde et Biggie écoute". C’est Marsha de Floetry qui est sur le refrain à la limite du gospel pour cette chanson de 9’22 !
The Game met fin à toute tension en disant, "He aint Big, and I ain't Pac, and we just eatin off rap. One love".